En Wallonie et en Flandre, l’interdiction légale de l’abattage sans étourdissement a été étendue à l’abattage rituel des animaux. Seule la Région de Bruxelles-Capitale continue d’autoriser l’abattage d’animaux sans étourdissement. Dans une lettre ouverte, 17 associations – dont l’Union Professionnelle Vétérinaire et GAIA – demandent au nouveau gouvernement et au parlement bruxellois d’interdire, sans exception, l’abattage sans étourdissement en Région bruxelloise. « L’étourdissement obligatoire est le seul moyen d’épargner aux animaux des souffrances et une détresse sévères et prolongées, aussi inutiles qu’évitables techniquement. Il est primordial que les élus bruxellois en prennent conscience et prouvent le sérieux qu’ils accordent au bien-être animal », plaide Michel Vandenbosch, le président de GAIA.
Lettre ouverte aux parlementaires et au nouveau gouvernement bruxellois – Téléchargement PDF
Écho dans la presse web
Le sujet de l’abattage sans étourdissement s’est immiscé, malgré lui, dans la campagne électorale d’avril-mai. Si la Région de Bruxelles-Capitale a été la première à se doter d’un nouvel exécutif, celui-ci n’a pas fait la moindre mention de l’abattage sans étourdissement dans l’accord du nouveau gouvernement bruxellois.
En Flandre, l’interdiction de l’abattage sans étourdissement est pourtant entrée en vigueur le 1er janvier 2019. En Wallonie, l’entrée en vigueur de la loi est prévue pour le 1er septembre 2019. Cette « exception bruxelloise » finira-t-elle par céder avec le nouveau gouvernement ? C’est ce que souhaite GAIA, mais aussi l’Union Professionnelle Veterinaire (UPV) et 15 autres refuges agréés pour animaux et sociétés de protection animale.
Ce samedi 10 août, à la veille de l’Aïd el-Kébir (fête du Sacrifice), 17 associations adressent une lettre ouverte aux élus et au gouvernement bruxellois. Une lettre qui reprend, point par point, 10 bonnes raisons de ne plus autoriser l’abattage sans étourdissement en Région de Bruxelles-Capitale. Les associations y rappellent que l’étourdissement obligatoire est le seul moyen d’épargner aux animaux des souffrances et une détresse aussi inutiles qu’évitables.
Pourquoi nous revendiquons l’étourdissement obligatoire
À Bruxelles, les abattages sans étourdissement ne sont pas seulement pratiqués un jour par an, mais quotidiennement à l’abattoir d’Anderlecht. Selon l’AFSCA, pas moins de 87 % des veaux, 96 % des moutons et 31 % des bovins sont abattus sans étourdissement à Bruxelles. L’égorgement des animaux sans étourdissement les expose pourtant à des souffrances sévères et prolongées. « Il est scientifiquement démontré que l’abattage sans étourdissement expose les animaux à des souffrances pouvant durer 2 minutes pour les moutons et jusqu’à 6 minutes pour les bovins. Dans certains cas, l’animal agonise jusqu’à 14 minutes », s’insurge Michel Vandenbosch, président de GAIA.
« L’abattage sans étourdissement préalable augmente la durée de la perte de conscience. Pendant cette période de conscience, l’animal peut être exposé à une douleur et une souffrance inutiles dues à l’exposition d’organes blessés, l’aspiration éventuelle de sang et de contenu ruminal, dans le cas de ruminants, la souffrance éventuelle due à l’asphyxie après section du nerf phrénique et du nerf vague », explique le Dr. Alain Schonbrodt, Secrétaire de l’Union Professionnelle Vétérinaire (UPV).
Bruxelles ne peut plus être une exception
La Wallonie et la Flandre ont choisi une méthode plus digne : l’électronarcose (réversible). Force est de constater, aussi, que toutes les associations vétérinaires belges et européennes se montrent univoques à ce sujet : l’abattage sans étourdissement est inacceptable en termes de souffrances pour l’animal. « L’UPV représente la Belgique à la Fédération Vétérinaire Européenne, explique le Dr. Alain Schonbrodt. Cette fédération, qui rassemble 310.000 vétérinaires européens, a voté à l’unanimité une motion soulignant notamment que du point de vue du bien-être animal, et eu égard au respect dû à l’animal en tant qu’être sensible, la pratique de l’abattage sans étourdissement préalable est inacceptable. » La Cour européenne de Justice au Luxembourg est, elle aussi, sans équivoque : dans un arrêt rendu le 26/2/2019, elle reconnaît que les animaux souffrent davantage lorsqu’ils sont abattus en pleine conscience, et qu’il est nécessaire de les étourdir afin de réduire au minimum leur souffrance.
Un devoir moral
« L’étourdissement des animaux avant l’égorgement n’est pas une revendication motivée par des sentiments antireligieux ou xénophobes. Il ne signifie pas non plus l’interdiction de l’abattage rituel en soi, insiste Michel Vandenbosch. L’enjeu, cependant, est éthique : il s’agit d’imposer la méthode d’étourdissement la plus appropriée afin que les animaux sensibles souffrent le moins possible ».
Au cœur de l’Europe, la Région bruxelloise se montre engagée dans de nombreux domaines. Elle a désormais un devoir moral : celui d’épargner autant que possible aux animaux toute souffrance et détresse au moment de l’abattage. « Il est primordial que les élus bruxellois prennent conscience de cette nécessité et prouvent le sérieux qu’ils accordent au bien-être animal », plaide Michel Vandenbosch. Et d’insister : « La loi bruxelloise sur le Bien-être animal stipule expressément que les animaux sont des êtres sensibles, qui ont des intérêts propres et une dignité, et qu’ils bénéficient d’une protection particulière. Alors, autant l’appliquer dans les faits ! »